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Jamais
5 septembre 2013

Cysto

Il est 9 heures du matin dans cette salle d'attente aux murs graisseux des milliers de mains jaunâtres et de leurs moiteurs malades qui s’y collèrent depuis des lustres.

 

Je suis assis. La douleur au bas-ventre. La joyeuse et discrète famille de "massacre à la tronçonneuse" a trouvé refuge dans mon urètre depuis une semaine maintenant - Dans ma queue plus clairement et pour les branleurs qui jouaient au morpion en cours de bio -

 

Des grands-pères en pyjamas beiges me regardent d'un air attendri. Ils m'ont jaugé en un éclair : Teint d'endive, yeux cernés, bouteille d'eau. Je suis des leurs. Si ce n'est la prostate, c'est avec un peu de chance une crapuleuse infection uro-génitale. Un regard nous suffit. Ils savent. Je sais.

 

L'urologue ouvre la porte délicatement dans un couinement horrible et par trop évocateur pour un handicapé de la miction tel que moi.

 

Il sait que nous tremblons tous. Je ne peux m'empêcher de penser que cela lui procure un sentiment de pouvoir obscène et pervers.

 

L’enculé.

 

Un nom sort de sa bouche et vient s’écraser contre dix paires d’oreilles en un claquement sec.

 

« Monsieur Puchol »

 

On écorche mon nom pour la centième fois. Je ne relève même pas.

 

Le sourire de ce zobologue lui défigure la gueule en un sillon profond qui sent fort le charnier sous un champs de coquelicots.

 

Je lui emboîte le « pas ». Je suis refus. Je suis déni. Je suis corvée de bois.

 

La porte fermée, je lui tends mon ordonnance. Je ne sais pas quel est le chef d’inculpation, mon bourreau en blouse blanche écrit trop mal. « La potence » chez elle se lit «  L’impotence ».

 

Il déchiffre les gribouillis informes tel le Champollion de mes deux couilles qu’il est.

 

-Docteur Dugland : « Nous devons pratiquer une cystoscopie Monsieur Pacholle. C’est bien ça ? »

 

« …….. »

 

Je m’arrête net dans ma préélocution car mon champ de vision extérieur droit vient de saisir un mouvement suspect dans la pièce adjacente.

 

Une infirmière est en train d’enrouler autour de son bras potelé ce qui ressemble fort à un câble d’un bon mètre cinquante comme un marin du Port d’Asterdam qui pisse comme il pleure sur les femmes infidèles.

 

« Que compte-t-elle faire de…………….. »

 

Je me tourne doucement vers ce Mengele de Monoprix qui me fait face dans un mouvement pivotant qui me paraît durer des années.

 

Je lui désigne le cordage d’un doigt fébrile et prononce dans un dernier souffle :

 

« Noooooooooooon ???????????? »

 

 Source: Externe

 

Ce dernier, d’ un hochement de tête affirmatif, les yeux baissés dans une tentative pathétique d’empathie feinte, siffle un « siiiiiiiiiiiiiiii » réptilien.

 

 

 

Et voilà pourquoi depuis l’envie de buter m’habite.*

 

 

 

 

‘tsoin tsoin  !!!

 

 

 

 

*trouve la fin alternative et mal contrepétée et gagne des images intimes de ma vessie.

 

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