Mein Goethe
Les gens, le plein de, le trop, le pas assez, c’est l’armée noire et fauve de la vie assiégée. On se croise parfois, cette mort lente aux trousses et on se feint le calme quand les yeux crient en douce. Le parfum du normal, du facile pour se taire ; laissons croire à l’ami que lui seul désespère.
Autour du café noir, on s’enrobe de soi mais les mots sont nos rides et plongent sans éclats. Iles sans tasses dans le précieux liquide, noyés de nos pudeurs, sucres de ces lits vides. La cuillère qui crisse sur les preux monticules…puis bientôt on se lève et la rue nous bouscule
Feu la conversation joue à l’accordéon, ce n’est plus que du vent bon à faire des ballons.
Le tourbillon d’enfer, les boulevards par allèles, jumellent nos blessures, les saupoudrent de sel.
Un frisson qui s’invite, et qui glace tout bas :« tu n’es donc que ces os sur quoi plus rien ne va ». Le regard en vitrine pour traverser la foule, ne refléter qu’un « nous », le « je » roulé en boule.
A force de voûter le dos et l’existence, pour éviter les bombes, cultiver les carences ; on oublie l’heureux pli, le pays de l’avant, cet envers de pendule où le temps n’est qu’absent
Les couleurs sont passées, les douleurs en lacets et Aujourd’hui s’enivre aux souvenirs usés.
Ce n’est pas ce vallon où coule une rivière. Bien plutôt du béton, frais de pisse et de bière.
Au milieu de la ville se déploient les cabanes où nos souffles enrhumaient le gris vil du profane. On en tissait l’urbain de trajets trop obliques, là un mur asthmatique puis un capot sadique ; ces supports de l’envie qui nous laissait croulants, toboggans de la vie qui nous coulait dedans.
Je refais le trajet, le Trajan, le tragique de nos corps qui tanguaient aux rythmes syncopés*… Je me perds sur ta peau, je me fie au soleil, à l’ombre parfumée de tes monts, les merveilles.
Quand les gens, le plein de, le trop, le pas assez, si je ferme les yeux, c’est pour mieux t’embrasser, et revoir ce tableau à mes jours accroché, toi et moi, nos baisers, dans les portes, encadrés.